Et je suis ressorti enchanté de ce qui était à la fois une adaptation sur scène de l'humour absurde de la troupe anglaise et une parodie ouverte de ce qui se doit d'être joué sur les planches de Broadway : chorégraphies extravagantes, chansons répétitives et ampoulées, diva envahissante (oui, il y a un personnage féminin joué par une femme ! ). Les auteurs originaux se sont fait un plaisir de trahir leur propre original dans une débauche de moyens scéniques et matériels qui font se demander si chaque représentation n'a pas plus de budget que le long métrage de départ.
On ne sait plus si Eric Idle (non parce qu'en fait c'est pas vraiment écrit par la toute troupe originale, il était tout seul sur ce coup...) se fout de la gueule du monde en faisant jouer des insanités à ces professionnels multi-talentueux ou si Broadway se fout de l'humour potache anglais par le seul fait de chanter juste et de danser en rythme. L'irrévérence est partagée.

Alors adapter à Paris l'humour anglais qui aux dernières nouvelles ne parle toujours pas notre langue et la débauche de moyens si spécifique aux musicals étasuniens, cela pouvait s'avérer casse-gueule. Pierre-François Martin Laval alias Pef a répondu présent pour foirer cette cascade avec brio.
Tout d'abord en adaptant le texte où énormément de ressorts comiques et de références sont tellement attachés à la version anglaise que les amateurs risquent d'être déroutés par l'adaptation. Fatalement, il fallait soit casser le rythme en traduisant littéralement, soit remplacer ce qui n'allait pas passer par ses propres vannes. Oui, on sent que c'est Pef qui a adapté - d'autant plus que c'est lui qui porte le heaume d'Arthur - mais ça n'est pas non plus une robinade de A à Z et on y gagne en spontanéité ce qu'on perd en anglicité. Et oui, j'invente deux mots en une seule phrase si je veux.
Surtout que ce spectacle n'a pas du tout la prétention d'être l'original et ce qu'on perd en moyens techniques et en décors multiples et farfelus est compensé par l'énergie de la troupe à tirer le meilleur de ce qui lui est permis par cette scène moyenne... par rapport, à New York : le théâtre Comédia est loin d'être un bouiboui quand même.

En clair, si vous êtes un intégriste du nonsense en VO et que l'humour potache des Robins des Bois vous horripile même par petites touches, vous n'avez qu'à prendre l'avion pour Londres ou le train pour New York et arrêter de fatiguer le monde en assistant à des spectacles parisiens où vous allez faire la gueule. C'est pas comme si on vous avait pris en traître...

C'est au théâtre Comédia, 4 boulevard de Strasbourg jusqu'au 15 avril au moins. Allez-y de ma part, personne me connaît.