Affiche de l'expositionSi vous aimez la peinture mais n'y connaissez pas grand chose, foncez voir l'exposition Turner et ses peintres, actuellement au Grand Palais. L'idée surfe sur la mode actuelle : montrer le cheminement d'un artiste au travers de ses influences, passées et présentes. Mais alors que l'expo « Picasso et les maîtres » montrait un véritable jeu de massacre de l'artiste espagnol pour ses illustres prédécesseurs, rien de tout cela ici.

Le LorrainC'est avec un profond respect, mais aussi un sens de la compétition aiguisé que Turner se mesure aux maîtres, mais aussi à ses contemporains. C'est ainsi que l'on découvre son admiration pour Claude Gelée, dit « le Lorrain » que les amateurs d'art anglais apprécient tellement qu'ils le nomment encore aujourd'hui « Claude ». Cet artiste français du XVIIème siècle reste l'une des influences principales de Turner, tout simplement car il a été un des premiers à ne pas se contenter de peindre les objets frappés par la lumière mais la lumière elle même, en fixant parfois le soleil.

Cette volonté de se confronter directement aux énergies de la nature est d'ailleurs au centre de  l'art de Turner, fervent romantique du début du XIXème siècle... A ce sujet, la légende raconte qu'il aurait été jusqu'à se faire attacher au mât d'un bateau de pêche pour vivre pleinement dans sa chair la force d'une tempête pour la retranscrire en peinture !

William TurnerOn y découvre aussi un Turner humain, issu d'une famille populaire et très près de ses sous, à mille lieues de l'artiste maudit, écharpe au vent et larmes aux yeux. Turner n'avait d ailleurs rien de l'échalas éthéré : Petit homme rougeaud et carré surmonté d'un improbable haut de forme, il effrayait ses compères de la Royal Art Academy par la rudesse de son accent des bas quartiers de Londres.

Enfin, on y admire tout simplement les œuvres d'un génie ultra prolifique, académicien à 26 ans, à la longévité exceptionnelle, obsédé par la quête de la lumière, au point de tout lui sacrifier, y compris  la réalité elle même.

Yanntolkiendil