Du 5 au 7 Juillet dernier s’est tenue au CNIT de la Défense dans la région parisienne, la quatrième édition de Japan Expo. En tant qu’amatrice de mangas, de dessins animés japonais (japanime) et curieuse d’en savoir plus sur la culture nippone, je devais m’y rendre. Et mis à part la foule – témoignant d’un succès phénoménal – je ne fus pas déçue !

 

Petite mise en situation

Quand on entre dans Japan Expo, on pénètre dans un univers étrange, rempli d’otakus, ces fans de mangas et de japanimation qui collectionnent de façon compulsive tout ce qui concerne leur passion. On est aspiré dans un tourbillon oriental qui réunit de nombreux éléments de la culture japonaise. Cette année, c’est sur le CNIT de la Défense que l’équipe de Japan Expo a jeté son dévolu. 9000 m2 rien que pour eux et il semble que ça ne soit pas encore assez grand pour accueillir les milliers de fans qui se ruent sur les stands et les activités qui leur sont concoctées. Au programme de ces trois jours à l’heure nippone : de nombreux concours – avec des cadeaux à la clef, des arcades de jeux vidéo, des mangas et des produits dérivés à ne plus savoir où donner de la tête.

 

Les coulisses du doublage

Dans l’amphithéâtre de 500 places environ et qui ne désemplit pas, se succèdent conférences et spectacles. On peut y rencontrer les doubleurs de Sailormoon, celui de Joey dans Friends, celle d’Esteban dans les Mystérieuses Cités d’Or (et oui c’était une fille)… Ils racontent comment se passaient les doublages des dessins animés des années 80, avec très peu de moyens et très peu de temps. Mais aussi, plus récemment, un doubleur de la série culte Evangélion, qui se plaint des conditions de travail.

 

Un spectacle japanimé

L’animation vedette reste le cosplay (de costume et play), lors duquel, comme son nom l’indique, on doit se déguiser en personnage de manga, de japanime, de jeu vidéo, de film ou de boys band à la mode japonaise, et effectuer un petit show sur de la musique. Si certains costumes sont très artisanaux, d’autres sont soigneusement confectionnés et très réalistes. Ainsi, nous avons eu droit, le samedi, à un X-Or plus vrai que nature, des très parodiques Chevaliers de la Lune – mélange des Chavaliers du Zodiaque et de Sailormoon, sous les éclats de rire du public, et un Battle Royale très réussi. Petit rappel : Battle Royale, c’est ce film où des écoliers japonais devaient s’entretuer, pour qu’il n’en reste qu’un, comme dans Highlander. Ce remake sanglant de Koh Lanta avait lieu sur scène mais aussi dans l’expo elle-même. En effet, des volontaires avaient signé leur engagement dans un Battle Royale Grandeur Nature, durant tout Japan Expo.

 

A moi les signatures !

Pour les accros atteints de collectionnite aiguë, il y avait les dédicaces des nombreux invités. Du mangaka (scénariste et dessinateur) de Blame à la chanteuse Claude Lombard (mais si, souvenez-vous des génériques de dessins animés qui passaient sur feue La Cinq, comme Embrasse-moi Lucile), ou le plus récemment sorti des limbes de l’oubli, Enrique, le chanteur du Prince de l’Espace dans Goldorak. Tout ce beau monde signait des autographes à une file d’attente toujours plus longue.

 

La main à la pâte à papier

Pour les amateurs plus délicats de la culture traditionnelle japonaise, des démonstrations spectaculaires vous plongeaient directement au cœur du pays du soleil levant : de la danse traditionnelle, du patchwork, de l’ikebana (art floral). Ceux qui voulaient s’essayer au jeu de go ou à l’origami (la version plus évoluée des cocottes de notre enfance – on peut même faire un Pikachu !) trouvaient des animateurs pour les guider.

 

Des activités à gogo

Les plus coriaces pouvaient se défouler en pratiquant des arts martiaux (kendo, karaté…). Pour ceux qui passent leur temps à chanter des vieux génériques de dessins animés et sont déjà imbattables aux blindtests (celui qui reconnaît le plus vite la chanson juste avec les premières notes), il y avait des quizz sur les génériques. Une bonne idée à étendre à d’autres manifestations : la karaoké box. C’est-à-dire une bénédiction pour les amis de ceux qui chantent comme des casseroles mais qui ne peuvent jamais se retenir : là, on chante en comité restreint, dans une pièce où seuls ceux qui ont le courage, entrent. Des concours de dessins mettaient à l’épreuve les dessinateurs de tous âges, sur des thèmes choisis au hasard (disco, mise en situation de deux personnages) et pas toujours évidents. Enfin, pour se reposer un peu après toutes ces émotions, des longs métrages étaient diffusés en continue dans une salle de l’Expo : Kenshin le Vagabond, Nadesico, One Piece… 

 

Et je danse, oui je danse…

A l’espace jeux vidéo, c’était la folie. Celui qui a remporté le plus de succès est sans conteste le Dance Dance Revolution (plus communément appelé le DDR). Petit coup de pub pour les arcades de jeux La Tête dans les Nuages, qui ont monté un concours de DDR, avec des présélections dans leurs galeries d’arcades parisiennes. Les candidats étaient donc les joueurs « les plus doués de leur génération » et la compétition était impressionnante. Le joueur monte sur un tapis relié à un écran qui lui indique sur quelles cases du tapis il doit marcher, et dans quel ordre. Moins on fait d’erreurs, plus on gagne de points.

 

Dis-moi ce que tu aimes…

Mais qui sont ces visiteurs qui viennent s’amuser, découvrir et… acheter dans une telle exposition ? Il y a l’otaku de base. Celui qui se payera l’intégral de Love Hina, la dernière série à la mode, en mangas et en dvd (et qui a déjà un fond d’écran, un tapis de souris et un porte-clefs à l’effigie de ses héros). Il y a les jeunots qui s’initient aux dessins animés japonais grâce notamment à M6 qui diffuse des séries comme Sakura, chasseuse de cartes, ou Gundam Wing, et qui traînent leur pauvre maman avec eux. Il y a la génération Albator, un brin nostalgique, qui vient chercher les souvenirs de ses bons vieux dessins animés (Capitaine Flam, Tom Sawyer, Ulysse 31, Juliette je t’aime, ou encore Candy). Et puis il y a tous les autres, lecteurs de mangas, adeptes de jeux vidéo, dessinateurs en herbe… Et en effet, il y en a pour tous les goûts.

 

Toujours plus grand !

Finalement, une seule ombre est venue assombrir ce tableau idyllique pour une fan telle que moi : la foule. Les 9000 m2 du CNIT ne suffisaient pas à contenir tout le monde, et bien souvent le seuil de sécurité a été franchi, entraînant des files d’attente interminables aux caisses. Les gentils messieurs de la sécurité étaient un peu dépassés, les gens qui avaient déjà payé, étaient entrés dans le salon, puis ressortis, ne pouvaient plus rentrés… C’est ça la rançon du succès ! De même, le public de l’amphithéâtre avait tendance à ne pas se renouveler beaucoup d’un spectacle à l’autre, et certains n’ont pas pu assister au cosplay, à cause de ça. Et pourtant, il était grand l’amphithéâtre ! Ces erreurs de jeunesse seront, je n’en doute pas, corrigées dans la prochaine édition. Et j’ai déjà hâte d’y être !

Ceessy